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La rentrée des essais : en prise avec l’actualité

La bonne santé de l’édition d’essais peut se mesurer de bien des manières. Le nombre de titres publiés ? Le magazine professionnel Livres Hebdo note une baisse de 6 % par rapport à 2023, mais à un niveau qui demeure élevé – 1 396 livres paraîtront d’août à octobre dans la catégorie « essais et documents ». Les ventes ? Cela va se jouer en cette rentrée, le premier semestre s’étant montré décevant, après une année 2023 stable pour les sciences humaines, et particulièrement dynamique pour les documents.
Reste ce qui est, sans doute, le critère le plus important, celui qui permet de comprendre par quels fils ce secteur éditorial se relie aux préoccupations de la société, et de tester leur solidité : ce qu’auteurs et éditeurs font des événements et des débats qui électrisent l’actualité.
La production suscitée par l’agression russe de l’Ukraine depuis deux ans et demi peut, à cet égard, tenir lieu de modèle. Un travail de mise à jour de nos connaissances qui se poursuit en cette rentrée, même si moins de titres sont annoncés, et s’ils se concentrent, pour l’essentiel, sur l’exploration du régime poutinien et de ses crimes. L’un des événements de l’automne sera d’ailleurs la parution des Mémoires d’Alexeï Navalny, Patriote (éd. Robert Laffont), fin octobre, huit mois après la mort de l’opposant russe dans une colonie pénitentiaire.
Il faudra être également attentif à Propagande. L’arme de guerre de Vladimir Poutine, d’Elena Volochine (Autrement), aux Nationalismes russes. Gouverner, mobiliser, contester dans la Russie en guerre (2014-2024), de Jules Sergei Fediunin (Calmann-Lévy), comme à Paris-Moscou. Un siècle d’extrême droite, de Nicolas Lebourg et Olivier Schmitt (Seuil). Retour en Ukraine avec l’historienne Marci Shore, qui raconte la révolution de Maïdan (2014) et ses suites dans La Nuit ukrainienne. Une histoire intime de la ­révolution (Gallimard).
A leur tour, les attaques terroristes du 7 octobre 2023 et la guerre à Gaza ont commencé, au premier semestre, à susciter une production substantielle. Elle s’intensifie à l’approche du premier anniversaire des massacres, tout en se diversifiant. Les récits de victimes israéliennes – Et nous danserons encore. 7 octobre et après : les survivants racontent, de Sébastien Spitzer (Albin Michel), Les Portes de Gaza, d’Amir Tibon (éd. Christian Bourgois) – se mêlent ainsi à des témoignages sur la guerre en cours, tels Le Livre noir de Gaza, sous la direction d’Agnès Levallois (Seuil), et La Vie sous les bombardements, d’Ibrahim Khashan (Le Temps qu’il fait).
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